
Finances / Genève bloque sa participation financière. Tandis que les Départements mettent le paquet.
Par Marie Prieur
Source : http://www.tdg.ch/geneve/grand-geneve/fonds-frontaliers-secours-grand-geneve/story/17118520
C’est une valse. Tandis qu’un des partenaires recule, l’autre, pour rester dans la danse, est contraint de faire un pas en avant. Tel est le fragile équilibre auquel se plient les partenaires français et genevois depuis des mois.
Sur la forme, ils tiennent le même discours. On peut le résumer ainsi: «Le Grand Genève est une réalité. Et la coopération transfrontalière, une absolue nécessité.» Tous les échelons politiques, jusqu’à Berne et Paris, et toutes les tendances politiques sont conscients de l’importance de réaliser des infrastructures essentiellement de mobilité, dignes de cette agglomération transfrontalière.
La déclaration commune signée jeudi lors de l’assemblée générale du Groupement local de coopération transfrontalière (GLCT) du Grand Genève va dans ce sens. Reste le nerf de la guerre: le financement des grands projets. Sur ce point, Genève a exprimé son incapacité à participer au financement d’infrastructures en France voisine. Au point que les Français ne se font plus guère d’illusions. «Il faut oublier la contribution spécifique», assure Damien Abad, président du Département de l’Ain. «Le fonds de 240 millions d’euros sur dix ans est bloqué. On doit proposer une méthode plus pragmatique», affirme Virginie Duby-Muller, vice-présidente du Conseil départemental de Haute-Savoie.
Prioriser est devenu le mot d’ordre. «Nous allons nous concentrer sur 14 projets», explique Virginie Duby-Muller. Parmi eux: les trois extensions de trams (vers Annemasse, Saint-Julien et Saint-Genis), le bus à haut niveau de service desservant le Pays de Gex et celui de Thonon ainsi que les pôles d’échanges multimodaux de Valleiry, Thonon ou Annemasse.
Au total, sur la partie française, ces projets représentent un investissement global de 336 millions d’euros. «Il faut qu’on avance, insiste Virginie Duby-Muller. Notamment pour ne pas perdre les financements de la Confédération mais aussi pour répondre aux besoins de mobilité de nos citoyens.»
Le pragmatisme est aussi de mise du côté de l’Ain. Les deux départements tablent sur les fonds frontaliers. Si la compensation financière genevoise versée par le Canton en francs suisses stagne (passant de 279 millions en 2014 à 278 millions cette année), le taux de change permet un gain substantiel de 25 millions d’euros.
Dans les deux départements, la répartition des fonds frontaliers sera la suivante: 55% aux communes (au pro rata de leur population frontalière) et 45% au département. La grande nouveauté: au sein de la part départementale, 5% iront aux intercommunalités, là aussi sur la base de leur population de frontaliers. Soit une reconnaissance du rôle des communautés de communes, souvent maîtres d’ouvrage des grands projets tels que les trams.
Saluant le pragmatisme des départements, Gabriel Doublet, vice-président d’Annemasse agglo «regrette toutefois qu’on perde la logique du cofinancement. Genève ne tient pas ses engagements et laisse les Français assumer le financement des infrastructures transfrontalières.» Des regrets teintés de reproches que partage Pierre-Jean Crastes, président de la Communauté de communes du Genevois: «Dans les faits, les projets sont financés par la Confédération et les Français alors que Genève est le premier bénéficiaire en termes de mobilité et de qualité de l’air!» (TDG)
(Créé: 24.11.2015, 21h07)
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«Pas de désengagement de Genève»
A la tête du Conseil d’Etat et du Grand Genève, François Longchamp commente les dernières décisions politiques et financières.
A quoi la déclaration commune signée aux côtés de vos partenaires français sert-elle?
Ce texte de refondation politique réaffirme notre volonté de travailler ensemble à la construction de cette région. Et ce, tout en tenant compte des nouvelles situations économiques.
Quelles sont-elles?
Côté genevois notre situation est plus compliquée. Nous ne sommes même pas certains d’avoir un budget. Dans ce contexte, il n’est pas envisageable de contribuer au financement d’infrastructures sur le sol français. Nos partenaires français ont aussi commencé à le comprendre.
Genève se désengage financièrement?
On ne peut pas parler de désengagement financier quand, au titre de la compensation financière genevoise, on verse à la France voisine des sommes qui ont triplé en l’espace de douze?ans. Sans compter les subventions de la Confédération. Qui sont, certes, fédérales mais pour lesquelles Genève contribue fortement.
Que pensez-vous de la nouvelle répartition des fonds frontaliers côté français?
Je la salue. Je l’appelais de mes vœux. Il était nécessaire de profiter de cette situation exceptionnelle liée au taux de change et de fixer les priorités.
Les Français sont-ils en train de faire le Grand Genève sans Genève?
Le Grand Genève se fait avec chacun de ses acteurs. Genève consacre une énergie folle à la Genève internationale, à la fiscalité des entreprises… Ce sont autant de réalisations très concrètes essentielles au dynamisme de cette région dans son ensemble.